Leader du Secteur droit Dmytro Yaroch : Quand 80% de la population ne soutiennent pas le pouvoir la guerre civile est impossible

Mustafa Nayem, Oxana Kovalenko, Ukrainska Pravda, 04 février 2014

S’il y a deux semaines le Secteur droit et le nom de son leader Dmytro Yaroch étaient totalement inconnus, aujourd’hui le Secteur droit est au centre de tous les événements de la révolution en Ukraine.

C’est le 19 janvier après le début des confrontations dans la rue Hrouchevskogo que les journaux dans le monde entier ont publié à la une des images des jeunes hommes – activistes du Secteur droit avec de cocktails Molotov et de balaclaves sur les visages.

Les actions du Secteur droit ont remplacé l’expression « protestations pacifiques » dans tous les reportages sur les événements à Kiev. En même temps leurs actions ont forcé le pouvoir officiel d’entendre les revendications de Maidan et d’abroger les lois antidémocratiques du 16 janvier.

Dmytro Yaroch répond à nos questions dans son bureau mesurant 2 sur 3 mètres.

– Quelle est l’histoire du Secteur droit?

– Le Secteur droit a été conçu par l’organisation Tryzub comme une plateforme de coordination de groupes révolutionnaires après les manifestations du 24-25 novembre organisées suite au refus du gouvernement ukrainien de signer les accords d’associations avec l’Union Européenne.

Ces manifestations ont démontré que le modèle étatique existant aujourd’hui freine le développement du pays. Le Secteur droit en tant qu’une organisation a été créé après les événements du 30 novembre quand on est apparu sur la Place Myhailovska où on a commencé à se préparer à se défendre et de s’entrainer. Depuis on est toujours sur Maidan et on fait partie de autodéfense de Maidan. Le Secteur droit inclut les organisations Tryzub, UNA-UNSO et Karpatska Sych de Transcarpatie.

– Est-ce que vos actions du 19 janvier dans la rue Grouchevskogo ont été planifiées d’avance?

– Bien sûr que non. On était toujours dans les premiers rangs des manifestants mais nos actions ont été provoquées par l’adoption des lois dictatoriales du 16 janvier. Il est impossible de vivre dans un Etat qui impose des normes pareilles. Le 19 janvier les activistes d’Automaidan voulaient monter la rue Grouchevskogo pour  manifester devant le Parlement. Les activistes du Secteur droit y sont arrivés quand il y avait déjà des centaines de manifestants. On a essayé de parler aux agents de milice et de négocier pour pouvoir passer les barrages de milice. Ils ont réagi de manière agressive. Ensuite on a commencé à agir, nos activistes protégeaient les gens. Je crois que c’est bien que ça s’est passé de cette façon. S’il n’y avait pas des événements du 19 janvier le pouvoir n’aurait jamais fait de concessions et n’auras jamais accepté de négocier avec l’opposition.

– Combien d’hommes vous disposez maintenant sur Maidan?

– Environ cinq cent plus la réserve de mobilisation à Kiev. Mais aujourd’hui partout en Ukraine  apparaissent des organisations qui se nomment eux même le Secteur droit. On travail pour les coordonner.

– Combien d’activistes vous êtes capables de mobiliser dans l’ensemble de l’Ukraine?

– Je pense qu’à l’heure actuelle on peut mobiliser 4-5 milles.

– Quelles sont les sources de financement de votre organisation?

– Je ne m’en occupe pas mais tout est financé par la population. Depuis le 19 janvier les ukrainiens nous apportent de l’argent régulièrement et en abondance. Tout est enregistré et transparent.

– On dit souvent que le Secteur droit est un facteur de déstabilisation de la situation.

– Au contraire je crois que ces derniers mois le Secteur droit a en fait démontré qu’il est un facteur de stabilisation. Sans les actions du Secteur droit il n’y aurait pas eu de négociations qui permettent de calmer la situation dans plusieurs régions. Pourquoi personne n’y pense pas ?

Pour l’instant la situation est sous control. Si les négociations n’aboutissent pas il sera difficile d’éviter une guerre de partisans.

– N’ayez-vous peur que la guerre de partisans ce dont vous parlez pourrait se transformer en guerre civile?

– La guerre civile est impossible. Quand les 80% de la population ne soutiennent pas le pouvoir en place ça sera un combat entre la société, le peuple et le pouvoir. C’est ça la grande différence entre une guerre civile et celle dont on vous parle. Ca sera une guerre de libération nationale. Mais on ne la veut pas. On a quand même un Etat, une base de départ pour bâtir un Etat national.

– Etes-vous conscient qu’en cas de défaite ou même un compromis entre le pouvoir et l’opposition vous pouvez vous retrouver derrière les barreaux ?

– Oui, bien sûr. J’y suis prêt depuis 25 ans. Qu’est qu’on peut en faire ? C’est la vie. On est tous entre les mains du Seigneur. Je me battrai pour l’Ukraine et on verra qui se retrouvera derrière les barreaux.

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